Mais qui sont-ils? Comment ont-ils vécu la descente aux enfers du narrateur du roman? L'ont-ils vraiment ignoré, méprisé, abandonné?

mercredi 27 mai 2015

Les autres (les témoins)

Je suis eux, je fais partie d’eux. La seule différence, est que, moi, je ne veux pas lui faire de mal. Je le vois souvent se faire donner des coups, mais je passe sans rien dire à côté, je ne sais pas pourquoi on le déteste et, plus ils le frappent plus je me dis que je devrais le haïr moi aussi, le faire souffrir. Mais pour quoi faire? Moi je suis de ceux qui détournent le regard, qui pensent que ça va passer et qui s’imaginent qu’il ne ressent rien. Un jour, je suis rentré aux toilettes et je l’ai vu, je les ai vus, ils le frappaient, le traitaient de tous les noms et, là, je l’ai regardé, lui. J’ai eu l’impression qu’il me suppliait du regard de l’aider, on aurait dit une bête qui soufflait ces derniers instants de vie. Je suis parti le plus vite que j’ai pu, au point de m’époumoner. Je l’ai laissé là, seul, avec eux, et je commençais à le regretter solidement. J’ai lutté contre ma propre vie, ma propre survie. Je veux bien l’aider, mais j’ai peur, tellement peur qu’au plus profond de moi, je me dis que quelqu’un d’autre de plus fort le fera à ma place. Chaque fois, que je m’avance vers eux, je m’imagine la douleur de chaque coup comme si j’étais dans sa condition, la douleur de leurs mines de crayons qui me transperceraient doucement la peau, les noms qu’ils me diraient et qui me poignarderaient le cœur. Soudain,  mes yeux s’emplissent d’eau, alors je recule. Je sens que lui me regarde. Je me trouve faible, je me trouve tellement faible et je me trouve stupide de me trouver faible. C’est là que toutes mes craintes me reviennent.
Je ne veux pas être comme lui, je ne veux pas être lui, je ne veux avoir aucun contact avec lui, je veux qu’on me dissocie de lui. Comme ça, tout ira bien, du moins pour moi…



1 commentaire:

  1. "...je me dis que quelqu’un d’autre de plus fort le fera à ma place." C'est souvent ça le problème, malheureusement. Le plus triste, c'est que je crois que c'est une réaction normale. Est-ce qu'on arrivera un jour à changer ça?

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